MYSTERE ALEXINA 1985 Festival de Cannes “Un Certain Regard”

Je n’avais pas tourné depuis 5 ans. L’échec de Fernand m’avait abasourdi. Je venais de produire deux premiers films (Robert Guédiguian et Christian Drillaud) puis “Sarah” de Maurice Dugowson. UGC m’incitait à choisir définitivement la production. Je suis tombé sur le scénario de John Cassavetes “Love Streams”. Betty Dugowson venait de le traduire en français. Cassavetes ne parvenait pas à financer son film. Je suis allé le rencontrer à Los Angeles. J’avais un accord de principe d’UGC si le film se faisait en Europe. J’ai passé la journée avec Cassavetes. Quand il a su que j’étais réalisateur il m’a engueulé, m’exhortant à reprendre la réalisation. Il a remis les choses à leur place, avec son humour et son humanité. Je suis rentré à Paris et j’ai repris l’écriture d’un scénario à partir du journal intime d’Herculine Barbin, texte que m’avait passé Michel Foucault quelques années avant, journal intime d’un hermaphrodite ayant vécu au 19ème siècle, devenu un homme avant de se suicider à 22 ans. J’avais travaillé avec le scénariste Jean Gruault. Je me suis retrouvé encore une fois sans argent avec Valérie Stroh, ma nouvelle compagne et Philippe Vuillemin, le dessinateur de BD, dans les deux rôles principaux. Philippe Clévenot, Marianne Basler, Bernard Freyd étaient avec nous. Même Jean Gruault fait un petit rôle. On a commencé le tournage sans agrément du CNC, sans aucun apport. Contre toute attente, TF1 Films production nous a rejoints à la quatrième semaine de tournage. Nous étions sauvés. Le film a été vendu dans 17 pays. Je suis allé avec une copie sous-titrée sous le bras à New York puis à Washington où le film a été acheté. Juste avant sa sélection à “Un Certain Regard” à Cannes.