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Mystère Alexina

1985 - Un film de René Féret / Durée : 1h21 / Format : 35 mm - 1.85 / Son : Dolby SR / Visa : n°59331
Mystère Alexina (affiche)

“On parle beaucoup dans notre ville d’une métamorphose étrange et extraordinaire. Une jeune fille âgée de 21 ans, remarquable institutrice, a vécu jusqu’à aujourd’hui dans l’ignorance d’elle-même, c’est-à-dire dans la certitude d’être ce qu’elle paraissait pour tout le monde: une jeune fille pieuse et modeste.
Mais, tout récemment, une circonstance fortuite est venue jeter le trouble dans son esprit. Les sentiments amoureux qu’elle éprouva pour une autre jeune institutrice nommée Sara, ont provoqué chez elle une véritable explosion de ses sens.
Devant le scandale qui a ému toute la population du village où elle exerçait sa profession, elle décida de faire appel à la science. Une erreur de sexe fut reconnue.
La jeune fille était tout simplement un jeune homme…”
(d’après “l’Écho Rochelais” du 18 juillet 1860)

Je n’avais pas tourné depuis 5 ans. L’échec de Fernand m’avait abasourdi. Je venais de produire deux premiers films (Robert Guédiguian et Christian Drillaud) puis “Sarah” de Maurice Dugowson. UGC m’incitait à choisir définitivement la production. Je suis tombé sur le scénario de John Cassavetes “Love Streams”. Betty Dugowson venait de le traduire en français. Cassavetes ne parvenait pas à financer son film. Je suis allé le rencontrer à Los Angeles. J’avais un accord de principe d’UGC si le film se faisait en Europe. J’ai passé la journée avec Cassavetes. Quand il a su que j’étais réalisateur il m’a engueulé, m’exhortant à reprendre la réalisation. Il a remis les choses à leur place, avec son humour et son humanité. Je suis rentré à Paris et j’ai repris l’écriture d’un scénario à partir du journal intime d’Herculine Barbin, texte que m’avait passé Michel Foucault quelques années avant, journal intime d’un hermaphrodite ayant vécu au 19ème siècle, ayant eu l’autorisation de devenir un homme avant de se suicider à 22 ans. J’avais travaillé avec le scénariste Jean Gruault. Je me suis retrouvé encore une fois sans argent avec Valérie Stroh, ma nouvelle compagne et Philippe Vuillemin, le dessinateur de BD, dans les deux rôles principaux. Philippe Clévenot, Marianne Basler, Bernard Freyd étaient avec nous. Même Jean Gruault fait un petit rôle. Claude Berri parrainait le film et avait fait savoir dans le milieu qu’il serait dans le coup. Mais il délirait sur le casting, il proposait David Bowie (qui, à l’époque, avait près de quarante ans alors qu’Alexina était censée avoir vingt ans). Quand il a vu mes essais avec Villemin et Valérie Stroh, il m’a laissé tombé pour finalement admettre que si je tournais coûte que coûte, il changerait encore d’avis s’il était satisfait. On a commencé le tournage sans agrément du CNC, sans aucun apport, pendant trois semaines, les séquences les plus difficiles et on a montré les rushes à Berri. Quand sa salle privée s’est allumée, il est resté muet et immobile pendant trois bonnes minutes. La responsable de la distribution AAA, assise à côté de lui, s’est retourné vers nous, ne sachant que dire et que penser. J’étais au fond de la salle avec mon ami Jean Gruaukt, qui sentait le roussi. Puis, Berri s’est levé et il est sorti sans un mot. Le soir, il confirmait au téléphone à Gruault qu’il s’agissait d’une catastrophe et qu’il me conseillait de brûler les négatifs. Le lendemain lundi, quatrième semaine de tournage, l’équipe a décidé de continuer à tourner sans certitude financière. J’informe quand même TF1 Films production qui était en stand-by par rapport à la position de Berri. Le directeur de l’époque qui avait les pleins pouvoirs, désire voir les rushes; il me rappelle, ça lui plaît et il entre dans le financement… Nous étions sauvés! Le film a été vendu dans 17 pays. Je suis allé avec une copie sous-titrée sous le bras à New York puis à Washington où le film a été acheté. Juste avant sa sélection à “Un Certain Regard” au Festival de Cannes.

René Féret

Bande annonce

Distribution

Alexina-Camille : Philippe Vuillemin
Sara : Valérie Stroh
Armand : Bernard Freyd
Madame Avril : Véronique Silver
Docteur Chesnest : Philippe Clevenot
Soeur de Sara : Marianne Basler
Le curé : Pierre Vial
L’inspecteur d’académie : Claude Bouchery
Les patrons de l’hôtel : Lucienne Hamon et Michel Amphoux

Technique

Scénario et dialogues : René Féret, avec la collaboration de Jean Gruault
Réalisation : René Féret
Photo : Bernard Zitzermann
Assistant-réalisateur : Henry Grimault
Directrice de production: Framboise Thouary

Musique : Anne-Marie Deschamps

Production : Films Arquebuse et TF1 Films Productions

Photos

Presse

L’Est Républicain, Jean-Paul Germonville : “Vuillemin, le dandy noir de la BD, doit son premier rôle au cinéma à son physique d’ange” (lire)
Libération, Serge Daney : “C’est toute la tristesse du monde qui passe par ce personnage sacrifié dont Féret a tiré un modeste mais beau portrait” (lire)
Le Nouvel Obs, Michel Mardore : “Le plaisir durable que procure Mystère Alexina vient de la gravité quasi surréaliste du regard de Féret” (lire)

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